« Le jeu, c’est le travail de l’enfant ; c’est son métier, sa vie. ». Tels sont les mots de Pauline Kergomard, fondatrice puis inspectrice des écoles maternelles au 19eme siècle. Dès son plus jeune âge, l’enfant apprend, expérimente, se développe et grandit grâce au jeu. Si le jeu fait partie intégrante des journées en crèche, il est important de comprendre les bienfaits qu’il offre à l’enfant. Comment peut-il avoir autant d’importance dans les premières années ? Qu’apporte-t-il à l’enfant dès la petite enfance ? C’est ce que nous allons vous expliquer dans cet article.

Les bienfaits du jeu chez le jeune enfant

Le jeu est bien plus qu’une simple distraction pour l’enfant. C’est une activité complexe et riche qui stimule son développement. Loin d’être un simple passe-temps, le jeu est un véritable laboratoire d’apprentissage pour le jeune enfant, qui lui permet de s’ouvrir au monde et de se construire.

Développement psychomoteur

En jouant, chaque mouvement, chaque geste effectué participe au renforcement des capacités motrices de l’enfant. Prenons l’exemple des jeux à empiler. Cette activité, en apparence banale, nécessite une bonne coordination œil-main, une dextérité et une concentration importantes. Les activités ludiques, qu’elles soient d’ordre physique comme courir, sauter, ou plus fines comme les jeux de construction, permettent d’améliorer la coordination motrice, la compréhension de l’espace et le sens de l’équilibre de l’enfant. Ce sont des compétences qui, acquises dès le plus jeune âge, posent les fondations d’un développement harmonieux.

Développement cognitif 

Le jeu stimule le développement cognitif de l’enfant. Il sollicite la réflexion, la logique, la résolution de problèmes et la créativité. Par exemple, un puzzle incite l’enfant à identifier des formes, à anticiper des emplacements et à travailler sa patience. Sur le plan cognitif, le jeu permet également à l’enfant d’expérimenter des concepts fondamentaux comme le lien de causalité. Lorsqu’il renverse une tour de blocs ou fait rouler une voiture, il découvre de manière concrète les conséquences directes de ses actions.

Développement affectif et social 

Le jeu a aussi un impact considérable sur le développement émotionnel et social de l’enfant. Jouer avec d’autres enfants encourage la coopération, le partage ou encore la gestion des conflits. L’enfant apprend à lire les émotions de ses pairs, à attendre son tour et à faire preuve d’empathie. Sur le plan affectif, les jeux permettent à l’enfant d’exprimer ses sentiments, ses peurs, ses joies et ses frustrations. De cette manière, l’enfant trouve dans le jeu un exutoire sain pour ses émotions. Il peut ainsi communiquer avec ses pairs ou l’adulte et enrichir son vocabulaire pour développer son langage.

Le jeu comme source d’apprentissage 

L’enfant est un explorateur né, ou un « explorateur nu  », pour rappeler le livre référence de Jean Epstein, psychosociologue, kinésithérapeute formé par Boris Dolto. Curieux et avide de découvertes, il fait des erreurs, échoue, recommence mais avant tout, il apprend. Cette approche ludique de l’apprentissage renforce sa confiance en lui et son désir d’explorer le monde. La pédagogie de l’erreur existe et offre à l’enfant la possibilité de se tromper, afin d’apprendre et de s’enrichir. Dans leur ouvrage Les neurosciences en éducation, Katarina Gvozdic et Hippolyte Gros, docteurs en sciences cognitives, démontrent que le cerveau apprend en se trompant. Rien de mieux que la répétition d’une erreur pour intégrer le processus qui permet de ne pas la reproduire et pour prendre confiance en soi !

En tant que professionnels de la petite enfance, il est de notre devoir de reconnaître sa valeur et de veiller à offrir à chaque enfant des opportunités de jeu enrichissantes.

Intégrer le jeu dans le quotidien en crèche

Le jeu est un langage universel pour les enfants, outil sans égal pour explorer, comprendre et s’adapter au monde qui les entoure, tout en s’amusant. Alors, comment pouvons-nous, en tant que professionnels, assurer que le jeu fasse partie intégrante du quotidien des tout-petits ?

Adapter le jeu à l’âge et aux capacités de l’enfant

Il est courant de voir des jeux conseillés pour telle ou telle tranche d’âge. En tant que professionnels de la petite enfance, nous voyons bien que chaque enfant est différent, avec ses propres intérêts, capacités et rythmes de développement. C’est pourquoi il est essentiel de proposer des activités adaptées à chacun, au-delà de l’âge préconisé sur la boîte. Activités sensorielles, parcours moteurs, jeux de construction, activités manuelles… chaque proposition peut être présentée à l’enfant, à condition de prendre en compte ses compétences et d’adapter son accompagnement.

Diversité des jeux

Les enfants ont une capacité de concentration réduite, ce qui nous pousse à être force de proposition et à disposer de ressources nécessaires pour stimuler tous les aspects du développement de l’enfant.

Les jeux traditionnels sont de bons moyens d’apprendre et de développer diverses compétences. Mais il existe des alternatives qui permettent également de stimuler le développement de l’enfant.

Qui n’a jamais constaté qu’en déballant un paquet, l’enfant est souvent plus heureux de jouer avec le papier qu’avec le cadeau lui-même ? Jouer sans jouet peut être très bénéfique pour l’enfant, car son imagination est sans limite. Une boîte en carton peut devenir une maison, une grotte ou un vaisseau spatial. D’ailleurs, de plus en plus de structures proposent des temps encadrés où l’enfant n’a pas de véritable jouet à disposition, mais évolue, sous le regard de l’adulte, avec des objets du quotidien, ou des éléments ramassés dans la nature. L’enfant pourra alors décompter, ranger, classer des graines, des feuilles, etc. 

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance du jeu libre. En jouant librement, l’enfant peut décider de ses propres activités et ainsi de suivre ses intérêts, établir ses propres règles du jeu et développer son autonomie.

L’enfant trouvera également beaucoup de stimulations dans la nature, qui est un terrain de jeu formidable. Les bruits d’oiseaux, le toucher de l’herbe, l’odeur des fleurs, la vue des arbres en mouvement sont autant d’éléments qui aiguisent les sens de l’enfant. Par ailleurs, jouer dehors est idéal pour sa motricité. Il pourra en profiter pour ramasser des feuilles, marcher sur des terrains inégaux, courir sur l’herbe, etc. Ces activités simples connectent les tout-petits à l’environnement et éveillent leur curiosité dès le plus jeune âge.

Bien plus qu’un divertissement pour les enfants, le jeu est une véritable fenêtre ouverte sur le monde qui les entoure. En adaptant les activités aux capacités et aux besoins spécifiques de chaque enfant, nous favorisons leur développement sur le plan psychomoteur, cognitif, affectif et social. Permettre au tout-petit de jouer est une nécessité pour une enfance riche et épanouissante !

 

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