Il n’est pas anodin d’observer des comportements ou des gestes agressifs chez le jeune enfant (frapper, griffer, mordre les autres, ou encore crier très fort). L’agressivité est nécessaire pour se socialiser, c’est une action involontaire qui permet de décharger une tension. Cette période de développement, qui permet à l’enfant de comprendre petit à petit les codes sociaux, peut toutefois être déroutante, culpabilisante pour le parent.

Violence/agressivités, quelle différence ?

Avant de se focaliser sur l’agressivité du jeune enfant, il paraît essentiel de proposer quelques définitions en lien avec le sujet : L’agressivité et la violence. En effet, lorsqu’un tout petit manifeste un geste agressif, il est courant d’entendre de la part de l’adulte qui l’accompagne « Mais pourquoi cette violence ? ». Quelle différence pouvons-nous faire entre ces deux notions ? sont-elles identiques ?

–  La violence –

La violence vient de l’expression latine « Violare », ce qui peut se traduire par « Agir de force sur quelqu’un ou quelque chose » ou encore « Violentus » qui est définit comme un « abus de force ».

La violence, qu’elle soit physique, psychique ou sexuelle a pour objectif de porter atteinte à l’intégrité de l’autre. C’est une attaque contre la relation.


– L’agressivité –

L’agressivité vient de l’expression latine ad-gressere. Ce qui signifie « Aller vers ». Nous pouvons donc retrouver ici la notion de contact, de relation.

L’agressivité est donc la manifestation de la volonté de conserver, restaurer la relation à autrui. Pierre Benghozi précise à ce sujet que « L’agressivité vise à restaurer un lien désavoué. Elle interpelle, convoque, provoque l’autre. C’est une forme d’appel, une tentative de surmonter les impasses à la parole en conflictualisant la relation, de dire ce qui ne peut se dire autrement et espérer être entendu. ».

Nous pouvons donc noter ici deux termes qui peuvent paraître similaires mais qui sont finalement contradictoires. Un enfant n’est donc pas volontairement violent, il exprime sa frustration, son mécontentement, son désir par un comportement dit agressif.

Pourquoi votre enfant a-t-il de telles réactions agressives ?

Dans un premier temps, il faut savoir qu’avant l’âge de quatre ou cinq ans, la partie frontale du cerveau de l’enfant n’est pas assez mature pour qu’il puisse maîtriser ses pulsions et qu’il ait conscience de faire mal à l’autre. Il est donc important de distinguer son comportement de sa personne.

Lorsqu’un besoin (physiologique ou affectif) n’est pas satisfait, le cerveau de l’enfant se positionne en mode « alerte ». Cette situation de stress engendre un comportement impulsif et imprévisible que l’enfant n’est pas en mesure de contrôler.

En grandissant, le cerveau se développera et l’enfant sera plus à même de réguler ses émotions et son comportement. Nous pouvons l’accompagner dans cette phase de développement.

Comment aider votre enfant à gérer son agressivité ?

Partons du principe que l’enfant dispose de 2 réservoirs : stress et affection.

L’agressivité se manifeste lorsque le réservoir « stress » déborde. Il est donc important de diminuer celui-ci en augmentant le réservoir « affection ». En effet, la production d’ocytocine, hormone de l’amour, de l’attachement et du lien social contribue à la réduction du stress.

Soyons donc vigilants aux situations provocant un stress chez le tout-petit : conflit avec un de ses pairs, ou en lien avec un besoin physiologique (dormir, manger). Pour cela, observons et ajustons nos propositions à l’enfant avant que son réservoir « alerte » ne s’active.

Avec des outils

L’ensemble de ces outils permettront à l’enfant :

  • d’intégrer les codes sociaux – de comprendre ce qui est autorisé ou non;
  • de développer son langage;
  • d’étoffer son vocabulaire émotionnel;
  • d’apprendre à se connaître et à connaître l’autre.

Il est donc inutile de crier sur un enfant qui a eu un geste puisque cela accentuera l’état d’alerte de son cerveau. Il n’aura donc pas la possibilité d’effectuer l’apprentissage de son acte. Soyons patients et ayons à l’esprit que les clés données aujourd’hui aux tout-petits construiront l’adulte qu’il sera demain.